Recyclage des panneaux photovoltaïques : ce que les propriétaires doivent savoir
- tvengeon
- il y a 3 jours
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Dernière mise à jour : il y a 3 heures
5207 tonnes. C’est le volume de panneaux photovoltaïques usagés collectés en 2023 en France. Ce chiffre représente une hausse de plus de 35 % par rapport à 2022, reflet de l’essor d’un parc photovoltaïque désormais suffisamment développé pour générer des volumes significatifs de déchets en fin de vie. Cette évolution marque une étape importante pour un secteur qui doit désormais penser au-delà de la seule phase de production.
En France, près de 7 millions de panneaux solaires atteindront la fin de leur vie d’ici 2040, avec un volume de déchets à recycler estimé à environ 40 000 tonnes par an dès 2030, soit presque 8 fois plus qu'aujourd'hui.
À mesure que les panneaux solaires s’installent sur les toits, les ombrières, les centrales au sol, agrivoltaïques ou encore les façades d’immeubles, la question de leur devenir en fin de vie se pose avec plus d’acuité. Si le recyclage des panneaux n’est pas une problématique nouvelle, l’augmentation des volumes à traiter exige une structuration efficace et pérenne de la filière de traitement.
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En tant que propriétaire foncier, souhaitant se lancer dans un projet photovoltaïque, plusieurs questions doivent se poser avant toute chose :
Qui sera responsable de la prise en charge des panneaux en fin de vie ?
Qui paye, et à quel prix, pour le recyclage des panneaux ?
Comment la filière s’organise-t-elle concrètement pour collecter et traiter ces équipements ?
Existe-t-il des garanties ou des dispositifs spécifiques pour assurer une gestion sécurisante, simple et transparente à long terme ?
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Ces questions sont d’autant plus cruciales que par principe, à l’expiration d’un bail emphytéotique, c’est le propriétaire qui récupère les installations photovoltaïques. Pour en savoir plus à ce sujet, consultez notre article dédié.

Qui gère le recyclage des panneaux solaires en fin de vie ?
Depuis 2014, les panneaux photovoltaïques sont soumis au régime de la Responsabilité Élargie du Producteur (REP), qui impose à toute personne mettant sur le marché un équipement électrique ou électronique de financer et d’organiser la gestion de sa fin de vie. Cette obligation est inscrite dans le Code de l’environnement (articles L.541-10 et suivants) et s’applique à tous les modules photovoltaïques installés sur le territoire français.
Dans le secteur photovoltaïque, cela signifie que le producteur est responsable de l’organisation et du financement de la collecte et du traitement des panneaux usagés. Pour répondre à cette obligation, les producteurs adhèrent à un éco-organisme agréé par les pouvoirs publics.

Pour financer la filière, les producteurs versent à l’éco-organisme une éco- participation, qu’ils répercutent sur le prix de vente des panneaux. Celle-ci est donc payée une seule fois, à l’achat, et couvre l’ensemble des coûts liés à la fin de vie : collecte, transport, traitement, gestion administrative et communication.
Depuis le 1er janvier 2025, l’éco-participation est modulable afin de favoriser les modules présentant des bonnes performances environnementales. Le barème est fixé directement par l’éco-organisme en charge de la filière de recyclage, SOREN, sous le contrôle d’un Censeur d’Etat.

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Cette logique de financement anticipé garantit que, le moment venu, le recyclage sera pris en charge sans frais supplémentaires pour le détenteur du panneau, sous réserve que le producteur d’origine soit bien enregistré auprès de SOREN. Elle offre donc une sécurité pour l’ensemble des parties prenantes, en particulier dans les projets à long terme comme les centrales au sol sous bail emphytéotique.
Collecte des panneaux photovoltaïque : comment ça marche ?
Le rôle central du détenteur du déchet
Bien que le financement du recyclage repose sur le producteur, le rôle du détenteur du déchet — bien souvent le développeur-exploitant — reste essentiel dans le processus de fin de vie. La réglementation distingue bien la responsabilité de financement (REP) et la responsabilité de détention définie par l’article L.541-2 du Code de l’environnement : « Toute personne qui détient des déchets [...] est tenue d'en assurer ou d'en faire assurer la gestion conformément aux dispositions du présent chapitre. »
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Concrètement, cela signifie que le développeur ou l’exploitant, en tant que dernier détenteur du panneau, doit :
Assurer le tri et la préparation des panneaux pour leur prise en charge selon les règles fixées par SOREN,
Coordonner la logistique de collecte avec SOREN (prise de contact, remplissage des formulaires, planification),
Garantir que les équipements sont issus d’un producteur enregistré auprès de l’éco-organisme, faute de quoi les frais pourraient ne pas être pris en charge.
Cette responsabilité est particulièrement importante dans le cadre d’un bail emphytéotique, où le transfert de propriété à la fin du contrat signifie que le propriétaire foncier pourrait hériter de l’obligation de gestion si aucun accord préalable n’a été prévu.
Notre avis d’expert Cette responsabilité est particulièrement importante dans le cadre d’un bail emphytéotique, où le transfert de propriété à la fin du contrat signifie que le propriétaire foncier pourrait hériter de l’obligation de gestion si aucun accord préalable n’a été prévu. Il est crucial d’auditer les conditions de démantèlement de la centrale dans la promesse de Bail que vous signerez avec un développeur, pour ne pas vous retrouver avec une montagne de panneaux sur les bras. Pour en savoir plus sur les points à ne pas négliger avant de signer avec un développeur, consultez notre article dédié. |
Une collecte organisée et accessible sur tout le territoire

La collecte des panneaux photovoltaïques en fin de vie est assurée au niveau national par un réseau structuré, sous la coordination de l’éco-organisme SOREN. Deux grands dispositifs coexistent :
L’enlèvement sur site : pour les volumes plus importants (à partir de 40 panneaux), SOREN organise une collecte directement à l’emplacement de l’installation, sur demande. Ce service est gratuit pour les panneaux issus de producteurs enregistrés auprès de l’éco-organisme, conformément à la réglementation REP.
Le dépôt en point d’apport volontaire : ce réseau comprend plus de 200 points répartis sur l’ensemble du territoire français. Il permet aux installateurs, exploitants ou détenteurs de déposer gratuitement des panneaux usagés (en petites quantités, moins de 40 unités), à condition qu’ils soient complets, triés, et en état acceptable (pas de panneaux pulvérisés).

Cette organisation permet de garantir la traçabilité des équipements collectés, de centraliser les flux, et d’optimiser la logistique vers les centres de traitement. Elle est soutenue par une dynamique d’amélioration continue, notamment pour renforcer la couverture en zones rurales et accompagner les opérations de démantèlement à grande échelle. Un maillage fin est nécessaire car les panneaux photovoltaïque sont partout en France, du Nord au Sud.
Recyclage industriel des panneaux photovoltaïques : procédés et matériaux
Le recyclage des panneaux photovoltaïques repose sur une filière désormais bien structurée, capable de prendre en charge des volumes croissants tout en valorisant efficacement les matériaux contenus dans ces équipements.
Des panneaux composés de matériaux largement recyclables
Un panneau photovoltaïque standard, notamment en technologie silicium cristallin (la plus répandue sur le marché), est un assemblage de plusieurs matériaux aux propriétés différentes. Il est constitué principalement de :

Verre trempé (environ 65 à 75 % du poids total),
Cadre en aluminium (10 à 15 %),
Cellules photovoltaïques en silicium (3 à 5 %),
Plastiques : encapsulants et backsheet (film protecteur arrière),
Métaux conducteurs : cuivre, argent, étain.
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La grande majorité de ces matériaux sont recyclables. Le taux de valorisation atteint aujourd’hui environ 94 à 95 % pour un panneau, avec des résultats particulièrement élevés pour l’aluminium et le verre, qui peuvent être réintroduits directement dans des filières industrielles. Les plastiques et certains métaux rares posent encore davantage de difficultés, mais des solutions émergent.
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Des procédés industriels adaptés aux matériaux photovoltaïques
Une fois collectés, les panneaux sont acheminés vers des centres de traitement spécialisés, où ils sont recyclés selon différentes techniques. Deux grandes familles de procédés sont utilisées, souvent de manière complémentaire :
Le broyage mécanique : il consiste à fragmenter le panneau en morceaux plus petits. Un tri mécanique ou optique permet ensuite de séparer le verre, les plastiques, les métaux et les cellules. Ce procédé, robuste et standardisé, est adapté aux grands volumes, mais il entraîne un mélange des matériaux qui limite parfois la pureté des fractions récupérées.
La délamination : ce procédé avancé vise à séparer les différentes couches du panneau pour extraire plus proprement les matériaux à forte valeur ajoutée. On distingue :
La délamination thermique, qui utilise la chaleur pour faire fondre les plastiques et libérer les composants internes ;
La délamination chimique, qui repose sur l’usage de solvants ou de bains acides pour dissoudre les films plastiques et isoler les métaux ;
La délamination mécanique de précision, qui combine broyage contrôlé et tri haute performance (tri optique, électrostatique).

Le recyclage d’une centrale photovoltaïque ne se limite pas aux panneaux solaires.
Les structures métalliques, les câbles électriques, les onduleurs et les transformateurs, font également l'objet d'une gestion en fin de vie. Les supports en acier ou en aluminium sont facilement recyclables via les filières métallurgiques classiques. Les câbles, majoritairement composés de cuivre, sont eux aussi bien valorisés après dénudage.
Les onduleurs contiennent des composants précieux nécessitent un traitement spécifique en raison de la présence de circuits imprimés et de métaux rares. Leur recyclage passe par des centres spécialisés dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Ce n'est pas SOREN mais Ecosytem ou Ecologic qui sont les éco-organismes agrées. Cette filière fonctionne sur le même modèle que les panneaux photovoltaïques.

Innovations : vers des panneaux plus durables et moins chers ?
Si le recyclage constitue aujourd’hui la principale solution pour gérer la fin de vie des panneaux photovoltaïques, la filière s’oriente progressivement vers des pratiques encore plus vertueuses : le réemploi et l’éco-conception.
Ces approches visent à prolonger la durée de vie des équipements, à réduire la production de déchets en amont et à faciliter leur traitement futur. Elles s’inscrivent dans le cadre plus large de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC), adoptée en février 2020.
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L’éco-conception : anticiper la fin de vie dès la fabrication
L’éco-conception vise à  réduire l’impact environnemental des panneaux tout au long de leur cycle de vie, en agissant dès leur conception. Cette approche implique plusieurs leviers techniques et industriels :

Choix de matériaux plus facilement recyclables ou démontables (ex. : encapsulants thermo-dégradables, dosserets monomatériaux),
Réduction de la quantité de matières rares ou critiques, comme l’argent ou l’indium,
Modularité des composants, facilitant les réparations ou les remplacements partiels,
Transparence sur la composition du produit, via des fiches standardisées (type PEP – Profils Environnementaux Produits).
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Les producteurs d’équipements relevant de la REP sont tenus de fournir des informations environnementales détaillées sur leurs produits. Cela permet de comparer les panneaux non seulement sur la puissance ou le rendement, mais aussi sur leur recyclabilité, leur empreinte carbone, ou leur contenu en matières recyclées.
L’éco-conception pourrait également à terme devenir un critère d’éligibilité pour les aides publiques ou les marchés soumis à des clauses environnementales (marchés publics, appels d’offres CRE, etc.), comme une nouvelle forme de subvention.
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Le réemploi : une seconde vie pour les panneaux photovoltaïques

Le réemploi consiste à remettre en circulation des panneaux ayant déjà servi, mais qui conservent une capacité de production suffisante pour répondre à certains usages. Il se distingue du recyclage, qui détruit le produit pour valoriser ses composants. Ce principe est particulièrement adapté aux panneaux :
issus de démantèlements prématurés (ex : repowering, défauts administratifs),
dont la performance reste correcte (souvent entre 75 et 90 % de la puissance initiale),
présentant un état physique satisfaisant (absence de fissures, d’oxydation, ou de délamination).
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Des acteurs spécialisés dans le reconditionnement se sont positionnés sur ce créneau. Ils testent, nettoient, certifient et remettent sur le marché des modules d’occasion, à destination :
de sites isolés ou peu exigeants en puissance (hangars, refuges, zones non raccordées),
de projets à budget limité (associations, agriculture, etc.),
ou de marchés émergents à l’international.
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Le cadre réglementaire du réemploi est encore en cours de structuration. La loi AGEC impose cependant aux éco-organismes, dont SOREN, de promouvoir le réemploi dans le cadre de la REP. Des expérimentations sont soutenues par l’ADEME pour établir des filières secondaires viables, avec traçabilité, garantie et conformité CE.
Solaire Conseil vous accompagne dans votre projet photovoltaïque pour vous assurer une entière sérénité quant à la fin de vie des installations sur votre terrain.